Si l'on cherche à la surface du globe où se trouvent les bassins d’hydrocarbures de roche-mère, qu'on appelle improprement « gaz et pétrole de schiste », on obtient, avec l'aide des données de l’Agence américaine de l’énergie (EIA), cette carte pour 2013. Avec 31 600 milliards de m³, la Chine détiendrait les premières ressources techniquement récupérables de gaz de schiste au monde, devant l’Argentine, l’Algérie, les États-Unis et le Canada. Pour le pétrole de schiste, c’est la Russie qui détiendrait les premières ressources techniquement récupérables, avec 75 milliards de barils, devant les États-Unis, la Chine, l’Argentine et la Libye.

Les hydrocarbures dits « conventionnels » sont pompés dans une roche poreuse et perméable, située sous la roche couverture, dans laquelle ils se sont accumulés, formant ainsi un réservoir après avoir migré de la roche-mère. Alors que le gaz et le pétrole de schiste sont, eux, restés piégés dans la roche-mère, une roche non poreuse, non perméable, appelée schiste. Ils sont stockés de manière éparse, à de grandes profondeurs. Si on regarde les divers types d’énergie qui répondent à la demande mondiale d’énergie primaire, on voit que la demande de gaz naturel prend une part de plus en plus importante, jusqu’à concurrencer le pétrole et le charbon. Car la combustion du gaz émet deux fois moins de gaz carbonique que celle du charbon et un peu moins que celle du pétrole. À cela s’ajoute la baisse de la disponibilité des hydrocarbures conventionnels. Le gaz de schiste apparaît ainsi à certains comme une des solutions pour satisfaire la demande énergétique mondiale.

La production de gaz de schiste a commencé aux États-Unis au début des années 2000, avec la maîtrise des techniques d’extraction. Ce graphique montre que la production américaine a décollé au milieu de la décennie. Aujourd’hui, plus de 200 000 puits de gaz de schiste seraient exploités, fournissant un tiers de la production américaine de gaz naturel. Cette production massive a entraîné la chute des prix du gaz sur le marché intérieur américain : en 2008, on était à 8,8 dollars par million de Btu [British Thermal Unit] et, début 2014, on était passé à 4,4 dollars.

On connaît mal l’état réel des ressources en gaz de schiste de l’Union européenne. Une des rares estimations est celle de l’Agence américaine de l’énergie : les ressources techniquement récupérables s’élèveraient à 13 366 milliards de m³ dans les dix pays que vous voyez sur la carte. Les plus gros détenteurs seraient la Pologne et la France. Mais les politiques énergétiques ne sont pas communautarisées dans l’Union européenne, et chaque pays membre a donc pu décider d’exploiter ces ressources, d’attendre, ou d'en interdire l'exploitation. Parmi les pays qui ont ouvert la voie à l’exploration, on trouve la Pologne, où la première extraction à titre expérimental a eu lieu en juillet 2013, et où l’exploitation commerciale pourrait commencer en 2015. Mais les ressources réelles s’avèrent en fait moins élevées que les estimations de l’Agence américaine de l’énergie. Et plusieurs groupes internationaux ont déjà mis fin à leur exploration dans le pays.