La sociologie, cette arme intellectuelle indispensable...
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Golden Awaken Fondateur
Messages : 1318 Avez vous apprécié ce post? : 206 Date d'inscription : 06/07/2013 Age : 55 Localisation : Planète Terre (pour le moment)
Sujet: La sociologie, cette arme intellectuelle indispensable... Jeu 4 Fév - 11:56
La pensée 68 (sociologie et culture de l'excuse)
Les intellectuels organiques du pouvoir et de la réaction ont de toute façon lâché l'affaire depuis un bon bout de temps et ont ajouté leurs voix au concert de celles des habituels producteurs de consentement, dès lors qui écouter pour se construire un regard critique ?...
~ Réflexions d’un dinosaure sur l’anti-anti-humanisme (Pierre Macherey, Université de Lilles) ~
La France est en état d'urgence permanent, dans ce contexte, quelle place pour la contestation? Pas seulement celle qu'on aimerait porter dans la rue, mais aussi celle qui est utile dans le débat intellectuel, dans les discussions entre nous, a-t-on encore le droit d'insulter, de critiquer ou même de penser sérieusement notre ordre social? On va voir ensemble que quand le pouvoir se renforce dans la rue et dans les textes de loi, il se renforce également dans les têtes et les discours. Porter une critique sociale, ce n'est plus si facile, y compris pour les sociologues dont c'est pourtant le métier. Je reviens dans cette vidéo sur ce qu'on a appelé la pensée 68, un moment de l'histoire de notre pays qui a vu s'épanouir la critique, celle de l'état et de la domination en général, un moment qui reste précieux, un corpus que je trouve inépuisable et plus utile que jamais.
~ La pensée 68 (sociologie et culture de l'excuse)(Chaîne YT de Usul2000)(Janvier 2016) ~
Golden Awaken Fondateur
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Sujet: Comment et pourquoi le pouvoir s’attaque à la sociologie... Mer 10 Fév - 11:52
Comment et pourquoi le pouvoir s’attaque à la sociologie...
Depuis les attentats de Paris et le glissement sécuritaire qui encadre l’État d’urgence, la sociologie n’est pas en odeur de sainteté dans les discours politiques de droite comme de la « gauche » institutionnelle...
~ Pour la sociologie (Et pour en finir avec une prétendue « culture de l’excuse »)(Editions La Découverte) ~
Olivier De Lagarde a écrit:
(...) C'est une profession souvent accusée de vouloir tout excuser. Bernard Lahire, sociologue est l'invité d'Olivier de Lagarde. Dans son livre, il nous explique que les sociologues n'ont pas pour mission d'inculper ou de disculper tel ou tel individu; ils sont dans la recherche des contextes et histoires collectives et individuelles qui conduisent des individus à se comporter de telle ou telle manière. (...)
~ "Pour en finir avec une prétendue -culture de l’excuse-" (Un Monde d'Idées, France Info)(Février 2016) ~
Si elle ne l’a jamais vraiment été, l’étau se resserre contre une rare discipline scientifique qui offre les outils intellectuels de compréhension du monde dans toute sa complexité. Une discipline essentielle dans la lutte contre les « systèmes » qui soumettent les Hommes à de quelconques structures fussent-elles religieuses ou politiques. Les observateurs attentifs l’auront remarqué, depuis quelques temps, dans les discours des puissants, relayés par les médias mainstream, la sociologie critique est le nouvel ennemi désigné. La cause ? En tentant d’expliquer rationnellement l’origine de la barbarie, celle-ci prendrait soi-disant la défense des terroristes. Victime d’oser la rationalité au détriment de l’affect, « le sociologue » aurait osé regarder plus loin que l’émotion collective en observant le terrorisme comme un objet d’étude et la conséquence de systèmes complexes, pas juste comme l’action isolée de fanatiques. « Aucune explication ne doit être recherchée » n’ont cessé de marteler le gouvernement Valls autant que leurs opposants politiques de droite après les attentats de Paris. Mais pourquoi soudainement tenter de faire passer les chercheurs en géopolitique ou en sciences humaines comme des alliés de Daesh ?
Sonya Faure , Cécile Daumas et Anastasia Vécrin a écrit:
(...) Le propre de la recherche est de mettre à jour les déterminismes sociaux et replacer l’individu dans des interactions aussi fortes que souterraines. La sociologie n’a donc pas pour but de juger ou de rendre irresponsable, c’est à la justice d’effectuer ce travail. Pourquoi alors une telle hargne contre l’analyse sociologique ? «En fait, écrit Lahire, la sociologie vient contrarier toutes les visions enchantées de l’Homme libre, autodéterminé et responsable.» Or, Valls, dans sa rénovation du socialisme, souhaite promouvoir un être responsable. En dénonçant la culture de l’excuse, il souscrit à cette vision libérale de l’individu. (...) A l’inverse de Valls, on pourrait reprocher aux sociologues de ne pas assez expliquer. Les accusations répétées contre cette discipline sont peut-être aussi le reflet d’une déception. Celle d’une sociologie privilégiant les études qualitatives et l’enquête de terrain au détriment du chiffre et d’une vision globale de la société, voire du travail avec les politiques. (...)
~ «Culture de l’excuse» : les sociologues répondent à Valls (Libération)(Janvier 2016) ~
Usul vient de publier un nouveau court-métrage intitulé "La pensée 68 : sociologie et culture de l’excuse"(Voir le post précédent). Il s’y attarde à définir le rôle de la sociologie en société, en quoi elle est infiniment nécessaire et surtout pourquoi elle gène les puissants au-delà du spectre de l’origine du terrorisme. Le youtubeur y expose brillamment comment la politique politicienne, à travers des discours aussi séduisants que méthodologiquement creux, ont réussi à transmettre à une large part de la population l’idée que l’explication sociologique se résumerait à une tentative d’excuse des faits étudiés, dont le terrorisme. Ainsi, le chercheur qui voue sa vie à comprendre les mécanismes complexes des sociétés humaines s’est vu soudainement réduit à un partisan, malgré lui, du terrorisme. Une propagande qui s’explique soit par une profonde incompréhension de ce qu’est la sociologie, soit par un bashing idéologique envers une science qui déshabille la société sous toutes les coutures et forcément les structures du pouvoir et leurs agissements parfois contraire à leurs discours. Pourtant, refuser à un sociologue de comprendre l’origine des actes, c’est un peu comme « refuser des explications géologiques aux tremblements de terre », s’est indigné Frédéric Lebaron, président de l’Association française de sociologie. De même, est-ce qu’un chercheur qui tente de comprendre comment est apparu le virus Ebola pour mieux le combattre… se fait l’allié d’Ebola ? Avec un tel raisonnement, le gouvernement Valls serait capable d’aller combattre le virus avec des antibiotiques, comme il combat les atteintes aux libertés avec moins de liberté…
Léon Duguit a écrit:
(...) L’humanité est un homme qui vieillit toujours en apprenant toujours. La sociologie a été lentement et longuement élaborée ; chaque génération a apporté sa pierre à l’édifice. La sociologie, telle que nous la comprenons aujourd’hui, est le produit d’une longue évolution. Nous avons profité des travaux de nos devanciers, comme nos successeurs profiteront des nôtres. Mais on ne saurait nier qu’un immense progrès a été réalisé, et qu’une idée véritablement nouvelle a été formulée de nos jours ; on a su débarrasser la science sociale de tous les principes a priori qui la gênaient ; on a nettement compris que la science sociale est véritablement et exclusivement une science d’observation, ne différant point des autres sciences d’observation ; que les phénomènes sociaux, comme tous les phénomènes de la nature, sont soumis, dans leur succession et dans leur coexistence, à des lois fixes ; qu’en un mot, il y a un déterminisme social, comme il y a un déterminisme physique. (...)
~ Le droit constitutionnel et la sociologie (Revue internationale de l'Enseignement)(Novembre 1889) ~
Car la sociologie c’est avant tout l’étude de la société et des phénomènes sociaux qui la régissent. Elle étudie notamment les mécanismes « cachés » (ou méconnus car complexes) qui influencent les actions des individus dans leur groupe social, au travail, à l’école ou plus largement dans un contexte politique d’une nation. Ainsi, la sociologie n’a pas pour vocation d’améliorer le monde ni même de faire de la politique mais d’offrir des outils rationnels et scientifiquement valides de compréhension du monde. Par conséquent, la sociologie se positionne à l’extrême opposé de tous les discours animés par l’émotion ou l’idéologie, et non par la raison. C’est en toute logique que ces sociologues critiques deviennent les empêcheurs de tourner en rond d’un gouvernement où la morale (et non l’éthique) semble dicter des décisions politiques de plus en plus conservatrice.
Cette atteinte organisée à une discipline scientifique, déjà sous le feu des critiques des penseurs de droite et d’extrême droite depuis des décennies, est signe que la sociologie met le doigt où ça fait mal. Notamment en replaçant certaines figures politiques devant les conséquences funestes de leurs décisions passées et plus globalement de nos politiques étrangères et des manœuvres militaro-industrielles occidentales dans les pays arabes ou orientaux. Fuite devant les responsabilités, ce déni de l’explication sociologique est non seulement un non-sens total, mais il tente également de replacer l’individu dans sa position de soumission, le privant d’un outil intellectuel indispensable dans la compréhension des systèmes de pouvoirs. Car, en effet, sans recul sur la société et les structures qui la composent, les individus répondent sans introspection possible aux éléments basiques qui leur sont offerts : buzz, faits divers, évènements chocs, politique people, etc… Et qui donne aujourd’hui à manger à nos cerveaux disponibles ? « Pour bien combattre un adversaire, il faut le connaître. C’est le moyen de mobiliser les esprits et de donner une efficacité à l’action publique », a rappelé Marcel Gauchet sur France Inter.
En résumé, si les institutions voulaient créer des individus absolument libres, la sociologie serait enseignée dès le plus jeune âge. Mais des individus instruits bien trop capables de comprendre les mécanismes complexes qui régissent l’establishment, même de structures démocratiques, risqueraient à terme d’ébranler celui-ci. Et c’est précisément des décennies d’études sociologiques qui nous permettent, Bourdieu merci, d’avoir pleinement conscience de ces mécanismes d’auto-défense. Alors n’attendez-plus, ouvrez vos livres de sociologie...
Mr Mondialisation
Source de l'article : Comment et pourquoi le pouvoir s’attaque à la sociologie (Mr Mondialisation)(Février 2016)
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